Les tiques, un ennemi discret mais redoutable.
Les tiques sont bien plus qu’une simple nuisance : elles sont les deuxièmes parasites hématophages les plus courants après les moustiques. Chez le chien, elles représentent une menace sérieuse, car elles peuvent transmettre de nombreuses maladies. En France, près d’un chien sur deux est potentiellement porteur d’un ou plusieurs agents pathogènes transmis par les tiques (49,7 %) (Tion et al., 2018).
Quel est le risque d’infection en France ?
Une étude menée sur 525 chiens a montré que 49,7 % étaient infectés par au moins un agent pathogène transmis par les tiques [Tion et al., 2018]. Parmi les pathogènes les plus fréquents : Babesia canis, Ehrlichia canis, Anaplasma phagocytophilum et Borrelia burgdorferi. La prévalence varie selon les régions, avec une forte présence de la babésiose notamment dans le sud-ouest et le centre de la France [Bourdoiseau, 2006].
Selon le programme CiTIQUE de l’INRAE, les zones à végétation dense (lisières de forêt, haies, prairies humides) et les régions boisées comme le Grand Est, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine sont particulièrement à risque.
Quand les tiques sont-elles actives ?
En France, les tiques chez le chien sont surtout actives du printemps à l’automne, avec un pic au printemps (avril à juin) et un second en automne (septembre à novembre). Toutefois, certaines espèces peuvent rester actives même l’hiver lors de journées douces, ce qui prolonge le risque d’infestation pour les chiens, notamment dans les régions tempérées (INRAE – CiTIQUE).
Les espèces de tiques les plus courantes en France
- Dermacentor reticulatus (35%) : vecteur principal de la babésiose canine. Elle aime les zones humides et boisées.
- Ixodes ricinus (26,6%) : très présente dans les forêts et les haies, vectrice de la maladie de Lyme et de l’encéphalite à tique.
- Rhipicephalus sanguineus (21,4%) : « tique du chien », souvent dans les habitations ou chenils.
- Ixodes hexagonus (7,1%) : fréquente chez les animaux sauvages, elle peut aussi infester les chiens domestiques.
Source :
Gábor Foldvári / Sciensano – Licence
CC BY-SA 4.0
Cycle de vie et reproduction des tiques
- Après l’accouplement (souvent sur l’hôte), la femelle adulte se détache et pond entre 2 000 et 5 000 œufs dans la végétation, puis meurt.
- Les larves émergent et cherchent un hôte (souvent un petit mammifère ou oiseau) pour leur premier repas. Une fois gorgées, elles tombent au sol et muent en nymphe.
- La nymphe, plus résistante, cherche un nouvel hôte pour un second repas de sang, puis mue en adulte.
- Les adultes cherchent un hôte plus grand (souvent un chien, un chevreuil ou un humain), se nourrissent, s’accouplent, et le cycle recommence.
- Ce cycle peut durer de 2 à 4 ans selon l’espèce et les conditions environnementales.
- Les tiques ont besoin d’un climat humide (>80 % d’humidité relative) pour survivre entre les phases de repas (Gray et al., 2016).
- En climat tempéré comme en France, elles peuvent rester plusieurs mois voire un an en attente d’un hôte si nécessaire, grâce à un phénomène de diapause (INRAE – CiTIQUE).
- Ce cycle en plusieurs hôtes rend les tiques particulièrement dangereuses : elles peuvent acquérir un agent pathogène sur un premier hôte, puis le transmettre à un autre.
Source :
Wikimedia Commons – Auteur inconnu – Licence
CC BY-SA 3.0
Comment retirer une tique en toute sécurité
- Utilisez un crochet tire-tique (disponible en pharmacie ou chez le vétérinaire).
- Glissez le crochet sous la tique au ras de la peau, sans tirer brusquement.
- Tournez lentement jusqu’à ce que la tique se détache.
- Ne pas écraser la tique, ni utiliser d’alcool ou d’éther.
- Désinfectez la zone de morsure après le retrait.
En cas de doute ou si la tête reste dans la peau, rendez-vous chez le vétérinaire.
Maladies transmises par les tiques et symptômes associés
Ehrlichiose
Agent : Ehrlichia canis (transmise par Rhipicephalus sanguineus)
Symptômes : fatigue intense, ganglions gonflés, perte d’appétit, saignements anormaux, œdèmes, convulsions ou paralysie.
Anaplasmose
Agent : Anaplasma phagocytophilum
Symptômes : fièvre, douleurs articulaires, vomissements, léthargie, anémie.
Hépatozoonose
Particularité : infection par ingestion de tique
Symptômes : amaigrissement sévère, douleurs musculaires, conjonctivite, paralysie partielle.
Babésiose
Région : très présente en France, notamment dans le Sud-Ouest
Symptômes : anémie hémolytique, urines foncées, forte fièvre, abattement.
Encéphalite à tique (TBE)
Symptômes : troubles neurologiques (ataxie, convulsions, paralysie), modifications du comportement.
Maladie de Lyme
Agent : Borrelia burgdorferi (transmise par Ixodes ricinus)
Symptômes : fièvre, boiterie intermittente, fatigue, douleurs musculaires ou cardiaques.
⚠️ En cas de doute ou de symptômes inhabituels, consultez rapidement un vétérinaire.
Protéger son chien contre les tiques : les différentes solutions
Il existe plusieurs moyens de protection contre les tiques. Le choix dépend du mode de vie du chien, de la fréquence d’exposition aux tiques, de son état de santé et de l’avis du vétérinaire.
Colliers anti-tiques
Les colliers diffusent des substances actives (ex : deltaméthrine, fluméthrine) dans le sébum de la peau du chien. Ils peuvent offrir une protection allant jusqu’à 6-8 mois selon les modèles.
- Avantages : Longue durée d’action, pratique pour les chiens vivant en extérieur
- À savoir : Doit rester bien ajusté ; éviter les bains fréquents selon le modèle
Pipettes
Les pipettes s’appliquent directement sur la peau, généralement entre les omoplates. Elles agissent localement en tuant ou repoussant les tiques avant qu’elles ne piquent.
- Avantages : Faciles à appliquer, action rapide (24-48h)
- À savoir : Efficacité de 3 à 4 semaines, ne pas laver le chien 48h avant/après
Médicaments oraux
Certains comprimés antiparasitaires (souvent à base d’isoxazolines) offrent une protection systémique : la tique meurt après avoir mordu.
- Avantages : Pas de risque de perte, protection large (souvent aussi contre les puces)
- À savoir : Durée variable (1 à 3 mois), possible sensibilité individuelle
⚠️ Chaque chien est différent. Seul un vétérinaire peut recommander le traitement le mieux adapté selon le poids, la santé et les risques d’exposition de votre chien.
Aucune méthode n’est efficace à 100 %, mais combinée à une inspection régulière, la prévention reste le meilleur réflexe.
Aidez la recherche avec le programme CiTIQUE
Vous pouvez :
- Signaler une piqûre
- Envoyer une tique pour analyse
- Consulter la carte des zones à risque
Chaque signalement compte et aide à mieux protéger nos chiens et la population en général.